Il y a 28 ans , une nuit comme celle-là, semblable à tant d’autres, une vie, une de plus dans ce monde acerbe, respirait pour la première fois.
Ce miracle de vie me revoie à la figure, en ce petit matin, celui que je ne connais pas, et peu d’espoir, pour l’instant, de le vivre de l’intérieur.
Bien sûr, il faut donner le temps au temps, et comme dirait Daudet " Ne remet pas à demain,ce que tu peux faire le surlendemain". C’est assez caustique, et dénudée de toute l’hypocrisie qui nous entoure.J’aime beaucoup cette phrase, elle résume de près, la façon dont je gére ma vie et la lente construction qui en découle.
Est-ce l’âge de raison?Doit-il y avoir nécessairement une prise de conscience particulière, sur mes actes, réactions, et pensées?
Je ne sais pas.
Entre raisonnabilité et faisabilité, Le ravin se forme, la sempiternelle eau de pluie érode, distille le temps et creuse , creuse....
J’aime à croire que personne ne change vraiment, que l’amélioration via le regard d’autrui est une simple masturbation intellectuelle. Notre véritable perception, aseptisée de toute attention est purement solitaire et burlesque. Le filet de la pression sociale tisse peu à peu ses liens. Ce film translucide essaie subrepticementde guider mes pas, mais ce ravin m’attire , exerce sur moi un vertige qui emballe mes sens et me donne un léger et éphémère goût d’aventure et de liberté.
J’aime à croire que, liberés de tout esprit de consommation, nous ne soyons autre chose que des pantins asservis , des portefeuilles et cartes informatisées ambulantes. Bien sûr, je ne ferais pas l’éloge, ici, d’une vie en parfaite autarcie.Je n’y crois pas. Il y a bien un juste milieu, mais qu’est-ce que c’est?
Finalement, en 28 ans, on apprend peu de choses, des réminiscences insoufflent parfois une reaction nouvelle et cet espoir serein nous accompagne le long du chemin.