Trentaine galopante

Les méandres verts

Elle rentrait chez ses parents, prenant de justesse le dernier train. Parce qu’elle s’y était pris à la dernière minute, elle s’était trompée de wagon, et avait atterit dans celui des fumeurs. Elle s’assit rapidement, posant son bardat sur le siège en face d’elle. Personne dans ce train qui n’allait pas tarder à démarrer un dimanche soir. Elle sortit une feuille et commença à écrire les premières phrases d’un conte moderne sur lequel elle avait réfléchi dans le métro, quelques minutes avant....Histoires de boîtes à chaussures...Puis soudain, un jeune homme, la vingtaine, s’installa dans sa diagonale. Elle repéra le gros sac de sport et la sacoche installés sur le siège à ses côtés, indiquant qu’il repartait pour une nouvelle semaine d’études. Pas mal , mais un peu jeune pensa -t-elle avant de relire les dernières lignes griffonées à la hâte.Le brillant du bracelet que ses parents lui avait offert un mois plus tôt pour son 26 ième anniversaire lui chatouillait les yeux, et la ramenait à sa petite réalité. Le train démarra et elle se mis regarder la vitre , posant machinalement le regard sur un trajet qu’elle connaissait par coeur. La nuit, les vitres des TER sont miroirs et elle s’aperçue
alors des différents coups d’oeil
jetés timidement par l’étudiant. Ces derniers mois, elle avait vécu échecs sur
échecs amoureux, un suite d’histoires
sans lendemain dont elle était la seule à ne pas être au courant du scénario. Elle en avait assez d’être toujous timide, attendant que les hommes prennent contacts, à son grand étonnement, elle tourna la tête, confronta directement son regard au sien et décida fermement de ne pas baisser les yeux, même si les battements de son coeur, lui suppliaient tout autres. Elle ne se reconnaissait pas. Elle, la timide, la complexée, elle, qui n’osait jamais sourire à un inconnu.
IL était surpris, ému et il rougit.
Elle prit au fur et à mesure de ces longs échanges flamboyants de l’assurance et finit par esquisser un sourire, timide, au début...Son coeur battait tant lorsque qu’il lui rendit ce sourire.
Malheureusement, l’arrêt de la gare ne tarderait pas et elle savait qu’elle ne reverrait jamais ces superbes yeux verts.Pour une fois, elle se décida impulsive, à l’avant dernier arrêt, elle se leva et alla s’assoir juste en face de lui., arriva à murmurer un léger bonsoir. Il était comme pétrifié et ne répondit pas, le sourire avait disparu et les yeux s’écarquillait devant elle. Elle arracha un bout de papier de son agenda et lui inscrivit son prénom et son numéro de portable. Le train venait de s’arrêter lorsque elle partit en lui proposant confusemment de la joindre si il le souhaitait...
Elle descendit du train en jetant un dernier coup d’oeil dans sa direction, se perdit une derniére fois dans les méandres verts de ce bel inconnu et se dit que les quelques jours à venir seraient très prometteurs....