Trentaine galopante

incinération

Une grande pièce impersonnelle ressemblant à de grandes salles de conférences, teintes dans des couleurs qu’auraient aimé ma défunte mère, réunissent les compagnons de toutes une vie.
Moins d’une cinquantaine de personnes sont présentes, la cérémonie durera une trentaine de minutes, le temps de passer trois chansons tristes qu’elle affectionnait, un hommage de moins de cinq minutes sur sa vie, et deux textes d’auteurs dont j’ai déjà oublié le nom. Mon regard s’attarde sur ce cercueil en bois massif claire, et sur une photo prise il y a des années, quand la maladie ne s’était pas encore déclarée.
Mes pensées se tournent vers l’avenir, celui que je possède à cet instant, et que ma mère ne partagera plus. La fatigue et les émotions potentialisent mes pensées sur cet étrange prise de conscience qu’est la valeur d’une vie. Personne ne peut comprendre cette émotion tant qu’il ne l’a pas vécu, même le plus empathique d’entre nous s’en approche mais ne franchis pas cette petite ligne.
De grandes questions se posent à moi, les essentiels sont mis en relief. J’ai trouvé cette cérémonie triste, non pas parce qu’il s’agissait de l’incinération de ma mère, mais la cérémonie en elle-même. Nous représentons si peu de choses réellement. Soixante années d’une vie, d’actes, de traits de caractères, de souvenirs résumés en moins de cinq minutes, et l’impression que l’essentiel n’est pas dit ; d’être passé à côté du message de cette vie qui s’est éteinte. Nous sommes la somme de nos actions, de nos pensées, de nos émotions et nous mourrons à un instant t de notre vie, sans avoir nécessairement accompli quelques chose de grands, ou tout simplement laisser une trace pour les générations futures. Ma sœur avait mis des photos de ses deux enfants dans le cercueil pendant la mise en bière. Elle les adorait, que restera-t-il de cet amour ? Quelle transmission faire de cet être humain qui nous a quitté il y a déjà quatre jours. ?
Une étrange sensation m’accompagne depuis le retour de l’incinération, rien n’a changé matériellement, mais je ressens un quelques chose de différent : mon état d’esprit.

Je sais qu’actuellement, je perds ma vie. Je ne transforme pas chaque minute en quelques chose de plus beau, parce que je ne sais pas quelle direction donnée.